La révolution dans tous ses états
Belaid Abane a animé une conférence-débat au centre culturel de Bouzeguene le 29/10/2015 à l’invitation de l’association culturelle Tiɛwinin autour de son dernier «Nuages sur la révolution, Abane au cœur de la Tempête » sorti chez Koukou édition en 2015.
Après avoir retracé l’historique et la genèse du mouvement national de 1830 jusqu’à 1954. Les Algériens ont crée des associations et partis politiques pour réclamer leurs droits, des insurrections sont menés mais vite réprimés par le colonialisme français. Puis vint le 1 novembre 1954 ; les Algériens ont compris et persuadés que la lutte armée est le seul moyen de se libérer du joug français. C’est aussi la mise en application de la lutte armée. Abane Ramdane était en prison lors du déclenchement de la révolution. Il sort en 1955, partisan acharné de la lutte armée et de violence révolutionnaire mais pour lui, elle doit être guidée par la raison politique et par la diplomatie. Le principe « du primauté du politique sur le militaire », c’est Abane qui fait avaliser le concept au congrès du 20 août 1956 et l’inscrit dans la plateforme de la Soummam . Lorsqu’ il est arrivé, Abane a voulu mettre de l’ordre dans la révolution, réunit toutes tendances confondus ( communiste, berbériste, ulémas… sauf le MNA. Mais pour le conférencier, cette unité a ramené du flou, de la confusion et c’est pour cela qu’il a intitulé son livre : Nuages sur la révolution ; le congrès de la Soummam a engendré beaucoup de conflits et de règlements de compte. « Les gens du Caire » nous surveillent, un projet de contre congrès planifié et initié par Ben Bella avec l’aide des égyptiens. Il y avait un fort rapprochement entre Ben Bella et Messali hadj mais ce dernier n’en voulait pas ( il a déjà choisi son camp). Abane insistait sur la participation de tous les acteurs de l’époque. Le deuxième titre : Abane au cœur de la tempête. Abane avait une vision très rigide. Il a sacralisé la révolution. Et la tempête a emporté l’espoir, le génie.
La question identitaire.
Dans la charte du congrès de la Soummam, il n y a point de berbérité, ni d’arabité et ni d’islamité. C’est l’Algérianité qui est glorifié. La question identitaire était fragile dans les esprits ( les séquelles douloureuses de 1949 sont toujours vivaces) et puis ils ne peuvent parler de religion au risque de s’aliéner le monde occidentale et d’être taxer de guerre de religion ou de fanatiques… c’est une guerre politique : pour l’indépendance de l’Algérie. D’ailleurs une lettre écrite et signée par 7 chefs historiques ; une condamnation à mort de tous les communistes, berbéristes, messalistes et contre –révolutionnaire… s’ils ne rejoignent pas les rangs du FLN.
Pour lui : Est-ce qu’il fallait privilégier l’Amazighité ou se libérer du colonialisme français ? Tel est la question que tout monde pose et de nos jours encore, on reproche à Abane Ramdane de n’avoir pas défendu la question identitaire. Mais l’orateur : se libérer d’abord du joug colonial puis poser cette question. Même après l’indépendance, la question identitaire a été longtemps occultée et réprimée par les pouvoirs successifs en Algérie.
L’assassinat de Abane Ramdane.
Belaid Abane a promis de répondre à cette question dans son prochain livre qui sortira en 2017 qui coïncide avec le 60ème anniversaire de la mort de Abane Ramdane. Pour lui, Krim Belkacem et Abane Ramdane sont diamétralement opposés : deux caractères, deux itinéraires. Recueillir tous les témoignages, faire une recherche très approfondie et rapporter et questionner tous les acteurs de l’époque. Long et périlleux mais pour que la vérité éclate. C’est très difficile d’avoir une objectivité totale quand on écrit sur l’histoire. Et de conclure « je n’ai jamais été dans la glorification excessive »
Ecrire sur Abane c’est d’abord la douleur, sa mort enveloppé de pudeur, de mystère. Avant de poser cette question lancinante : est ce que j’ai la légitimité d’écrire sur l’histoire ou sur Abane Ramdane ?
Omar Amroun
%%wppa%% %%slide=33%%