Cette année, le deuxième anniversaire de la disparition de Amroun M’henni a été célébré d’une manière grandiose sous le signe de « Asmekti » à Bouzeguene village du 19 avril au 20 avril 2014.
L’association culturelle Tiɛwinin de Bouzeguene village a réussi ce grand évènement sur tous les plans.
Le 19 avril 2014 a été marqué par un recueillement sur la tombe de M’henni Amroun en présence de tous les artistes de la région de Bouzeguene et d’ailleurs, avec des témoignages de sympathies pour l’artiste.
Le moment marquant de cette journée est la conférence qui a été animé par Mr Abbout Arezki ancien détenu des évènements d’avril 1980 et président de la section des droits de l’homme de Tizi-Ouzou. Pendant plus d’une heure, il retrace l’historique de la contestation et de la revendication juste et légitime de l’identité Amazigh. Il a rendu hommage à tous ceux qui luttent pour la reconnaissance de l’identité Amaziɣ, en revisitant et en rendant un vibrant hommage d’abord aux poseurs de bombes de 1976(condamnés à mort et torturés dans les geôles et cachots de la machine répressive algérienne). La population a été très solidaire des détenus de 1980. Il a expliqué que avril 1980 est une date importante car elle constitue un repère pour les générations futures, c’est aussi la solidarité, l’union car c’est un très évènement majeur dans l’histoire de l’Algérie. Il a surtout mit l’accent en sortant de prison à l’organisation du premier séminaire de Yakouren (Aout 1980) où tous les intellectuels et militants impliqués dans le combat identitaire étaient présent pour discuter de la question identitaire. Sur un ton simple et rageur il considère que les deux ministères à savoir celui des moudjahidines et celui de la culture où la corruption est érigée en véritable institution. Des sommes considérables destinés aux artistes, à l’innovation, à la création artistique sont détournés par responsables véreux et sans scrupules pour acheter la « paix » et abrutir le peuple par émissions puériles et abrutissantes, pièces de théâtre d’une grande nullité et autres chansons à la gloire de la monarchie Algérienne gracieusement subventionnés pour endormir et faire durer le rêve.
Notons aussi l’arrivée de l’universitaire Dahmani et de Said Doumane dans la salle.
L’après-midi a été marquée par une représentation théâtrale de la troupe théâtrale de Sahel avec une pièce de théâtre intitulé abandu. Dans une salle archicomble, les jeunes comédiens nous font découvrir une pièce de théâtre mise en scène avec subtilité et avec un très bon jeu d’acteurs.
La dictée en Tamaziɣt
Le deuxième jour c’est-à-dire le 20 avril, l’évènement marquant de cette journée est la dictée en Tamaziɣt.
Plus de 200 élèves, du primaire et du moyen de la daïra de Bouzeguene ont pris part dimanche 20 avril février à la première édition du concours de « la dictée du 20 avril en tamazight », organisée par l’Association culturelle Tiɛwinin au centre culturel colonel Mohand Oul hadj de Wizgan.
Les textes choisis par les enseignants de la langue Amaziɣ, ont été tirés, pour la dictée du primaire, du recueil des nouvelles « lqad u zzemur » la cueillette des olives de l’écrivain Said Boulifa. Celle des collégiens est un extrait de l’œuvre de Mouloud Mammeri
La correction s’est faite par les enseignants de la langue Tamaziɣt de la daira de Bouzeguene. « On a vraiment travaillé, c’est un dur labeur car il y avait beaucoup de candidats » nous rétorque un correcteur.
La nouveauté de cette dictée est l’instauration du prix Amroun M’henni pour les deux meilleurs candidats, l’un issu du primaire et l’autre du collège.
Le premier prix « Amroun M’henni »de la dictée en Tamaziɣt pour le primaire a été remporté par Melle Belabbas liliane de l’école primaire de Bouzeguene-centre.
Concernant le collège, pour le premier prix « Amroun M’henni » a été décroché par Melle Achoui Melina du CEM de Houra.
Vers 13h, après le repas traditionnel servi à tous les participants, candidats et invités, place au théâtre. Le théâtre est mort vive le théâtre disait la maxime.
La troupe théâtrale « AWER D-AWḌEḌ » présentée par l’association culturelle « ADRAR n At Qḍiɛ». Puis des jeunes poètes de la région récitent de beaux poèmes sur l’artiste Amroun M’henni et sur l’identité et la culture Amaziɣ.
Le musée d’art traditionnel a rouvert ses portes au public, les écoliers et leurs enseignants ont découvert chez Challal Ahmed un trésor que nous a légué nos ancêtres. Le sympathique ahmed Challal nous a fait découvrir tous les objets et collection de l’art traditionnel kabyle. Depuis plus de trois décennies qu’il commence à ramasser et à collectionner tous ces objets d’art traditionnel que nos aïeuls ont fabriqué pour vivre dans la dignité et pour que notre identité et notre culture survive et diffère de la culture rampante et conquérante des autres colonisateurs.
Vers 16h00, Pièces de théâtre intitulées « ULAC ZZHU DI LAXAṚT » et « ILEḤQ-D ZZHIR» présentées par la troupe de théâtre « ASERHU » du village Mehaga.
Cette jeune troupe nous fait revisiter un classique de Muhend U Yahia avec Muh U Perpuc. L’unique garçon, gâté et pleurnichard de la famille des Perpuche veut mourir pour aller au paradis. Il entend souvent sa grand-mère parlait de rivières de beurre et miel qui traversait et divisait en deux le paradis. « Personne ne travaille, il n’y a pas de cassement de têtes…» lui répète t-elle. Elle lui décrit un monde parfait. Il feint d’être à l’approche de la mort pour voir le Docteur Wakli imaginé une mise en scène digne de l’au-delà. Gavé par le miel et le beurre, il finit par admettre et déclarer que finalement « il préfère vivre ici-bas, travailler comme tailleur de pierres que de rester au paradis car c’est vraiment l’ennui» disait Moh U perpuc avec conviction et instance. Une satire sur le paradis.
A la fin, une autre troupe de jeunes comédiens de Bouzeguene village nous présente un skecht. Très bien interprété et joué par de jeunes comédiens devant une salle plein à craquer.
Rendez-vous l’année prochaine pour une double célébration de la disparation de Amroun M’henni et du 20 avril 1980.