Ce samedi 13 février 2016, Aomar Ait Aider, écrivain et essayiste, universitaire a animé une conférence-débat au centre culturel de Bouzeguene suivi d’une vente dédicace de son livre « Mammeri a dit ».
Le rapport de mouloud Mammeri à sa société et à sa culture originelles peut être décrit comme une odyssée, avec un premier mouvement d’éloignement vers des rivages inconnus, et pleins de séductions, suivi d’un long retour, lent et semé d’embuches, vers la terre natale. Cette odyssée, c’est, selon moi, le chemin que doivent parcourir, pour se trouver, ou se retrouver, tous qui sont issus d’une société dominée ou d’une classe ou d’une région dominée des sociétés dominantes. C’est, en cela, selon moi, que l’itinéraire de Mouloud Mammeri est exemplaire. Résume Pierre Bourdieu et il compare son œuvre à une odyssée, à un vaisseau fantôme. Effectivement, pour Aomar Ait Aider, Mouloud Mammeri est un humaniste, un intellectuel incorruptible. Non seulement un homme de culture, un anthropologue, un ethnologue mais aussi un homme de conviction et de paroles. Dans ce livre » Mammeri a dit » : c’est un témoignage romancé, de documents d’archives et une interview filmé par Ait Aider en 1984. Il a parlé aussi de ces dernières conférences tenues à Ain EL Hammam, et à Bejaia en 1988. Et son départ à Oujda pour participer à un colloque puis il décède en 1989 et enterré dans son village natale. Aomar Aït Aïder citera précisément la lettre écrite par Mouloud Mammeri à Mohand Azwaw et à la jeunesse kabyle “où il l’interpellait sur son avenir, et qu’il doit s’ouvrir sur l’universalité, et il leur disait « investissez-vous dans la connaissance et le savoir » sans renier vos origines.
Pour clore, Mammeri dira, dans une interview qu’il accorda à Tahar Djaout en 1987 : « quand je regarde en arrière, je n’ai nul regret, je n’aurai pas voulu vivre autrement… De toute façon, un fantasme n’est jamais que cela. Je ne me dis pas : j’aurai voulu être un citoyen d’Athènes au temps de Périclès, ni un citoyen de Grenade sous les Abencérages, ni un bourgeois de la Vienne des valses. Je suis né dans un canton écarté de haute montagne, d’une vieille race qui, depuis des millénaires n’a pas cessé d’être là, avec les uns, avec les autres…qui, sous le soleil ou la neige, à travers les sables garamantes ou les vieilles cités du Tell, a déroulé sa saga, ses épreuves et ses fastes, qui a contribué dans l’histoire, de diverses façons, à rendre plus humaine la vie des hommes.
Après un débat houleux sur la pensée et l’œuvre de Mammeri, le public l’interpelle aussi sur l’officialisation de langue Tamazight, Ait Aider répond clairement que la langue arabe n’est même pas la langue officielle de l’Algérie, car les Algériens ne parlent pas cette langue, mais plutôt la langue française qui est langue officielle, l’arabe est un dogme et un moyen de domination.
Amroun Omar